Corporate social responsibility • Interview
FRENCH TOUCH CONSULTING : Par conviction, nous avons pris le train plus tôt que d’autres
François Duchesne, Dirigeant - French Touch Consulting
En quoi les critères ESG sont-ils essentiels pour votre entreprise ?
L’ESG est un sujet très large car il couvre plusieurs aspects, sociaux, environnementaux, d’éthique, etc. Et tant que les lois encadrant l’ESG restent elles-aussi larges voire floues, chaque entreprise dont la nôtre adapte un peu ces critères à sa sauce, en premier lieu selon ses convictions. À notre échelle, notre axe principal est sur le développement de projets novateurs en termes de solutions environnementales, en choisissant d’abord des développements sans plastiques à fin de vie maitrisée, avec minimisation du gaspillage en production. La Chine est d’ailleurs très impliquée sur ces sujets d’avenir.
Comment votre entreprise ouvre-t-elle la voie à la création de pratiques commerciales durables et responsables ?
La situation sur les sujets énergétiques, environnementaux et sociaux dans nombre d’industries nous attriste et ne nous donne pas vraiment de choix sur le long-terme. Sans prétendre vouloir ouvrir de voie, nous avons pris par conviction le train en marche plus tôt que d’autres qui, souhaitons-le, s’y mettront quand ils seront légalement et financièrement forcés de le faire. Dans les faits, lors de nos consultations avec nos clients, nous mettons toujours en priorité des solutions qui substituent leur fabrication de plastique sur un projet donné. Au-delà de valoriser l’image de marque du client, cela fait travailler les fournisseurs chinois qui ont été choisis car ils sont aussi dans cet état d’esprit novateur et durable. Et il y en a de plus en plus. Il nous arrive parfois de refuser certains dossiers qui vont totalement à cette encontre.
Avez-vous des exemples concrets ?
Oui, des clients nous envoient des échantillons de récipients alimentaires, couverts, sacs, et emballages en plastique traditionnels, et nous demandent des études de substitution, en fonction des lois en place ou à venir dans le pays de destination. Nous leur proposons plusieurs options en matières compostables par exemple, certificats sur la matière et la fin de vie des produits à l’appui. Sur des produits et pulpes à base de bois, nous devons parfois fournir des dossiers de traçabilité complète, de la forêt d’origine au point de vente. Parfois, les clients ont des exigences ESG spécifiques dans le choix de l’usine, surtout sur les sujets du respect des employés, et du traitement des déchets, eaux usagées, etc. Il nous arrive aussi d’avoir des contraintes logistiques, avec un choix de fournisseurs proches des ports, ou un refus total des envois par avion.
Quels sont les critères et les impacts de vos investissements ESG ?
Notre investissement principal ESG est sur le temps passé à auditer beaucoup plus de fournisseurs chinois que prévu (3 sur 4 ne sont au final pas sélectionnés), et suivre les innovations sur les matières, certifications, lois environnementales lors de conférences, salons spécialisés. Ces investissements nous permettent de guider nos clients de manière de plus en plus efficace, donc répondre à leurs besoins pour leurs développements industriels.
Quelles sont les difficultés rencontrées pour concrétiser certains de ces investissements ?
Nous perdons encore du temps – donc de l’argent – en auditant des fournisseurs ayant une jolie façade marketing sur leur ESG, mais qui au final se révèle être du greenwashing à des fins purement commerciales. La deuxième difficulté est l’opacité et le laxisme des règlementations, voire la triche dans certains pays de destination, qui font échouer certains projets ou du moins les rendent bien plus longs que prévus.
Quels sont les principaux défis (à l'avenir) en termes de critères ESG pour votre entreprise ?
Le défi principal est dans la législation des critères ESG dans les pays de destination, qui détermineront les requêtes des clients pour la production ici en Asie et donc notre choix de partenaires. À commencer par l’Europe, où nous nous attendons à une démocratisation progressive de certains contrôles (exemples : audits sociaux, suivi des déforestations, crédits carbone, gestion de la fin de vie des produits, utilisation des énergies renouvelables) et la mise en place d’un système de pénalités, pour que tout s’accélère. Malgré certains accrocs, je suis convaincu que nous sommes sur une bonne voie.