Corporate social responsibility  •  Interview

SAINT-GOBAIN : Nous avons développé de nombreux critères de performance ESG

Ludovic Weber, Directeur général Asie-Pacifique - Saint-Gobain

En quoi les critères ESG sont-ils essentiels pour Saint-Gobain ?

Intégrer les critères ESG, c’est pour Saint-Gobain une façon de travailler en harmonie avec notre environnement au sens large, donc de s’inscrire dans le temps long, qui est l’une des marques de fabrique de Saint-Gobain avec ses 358 ans d’histoire ! Il ne peut y avoir de développement durable si celui-ci se fait au détriment de certaines de nos parties prenantes, qu’il s’agisse de nos employés, de l’Environnement, de nos clients, de nos actionnaires, ou encore des communautés dans lesquelles nous opérons. Nous avons donc développé de nombreux critères de performance ESG, ce qui est un moyen efficace de réduire les risques portant sur notre développement sur le long-terme. C’est aussi une réponse à une demande croissante de nos employés, de nos clients, de contribuer à une cause plus grande que celle de notre performance financière, ce que nous avons résumé dans une nouvelle raison d’être en 2019 : « Making The World A Better Home ».

Comment votre groupe ouvre-t-il la voie à la création de pratiques commerciales durables et responsables ?

Nous avons pris un virage important pour pleinement intégrer l’ESG dans notre ADN il y a 2 ans : après avoir défini notre raison d’être, nous avons revu notre vision – être le leader mondial de la construction durable – puis notre stratégie que nous avons appelée « Grow & Impact ». Nous avons passé du temps pour les élaborer, les expliquer, afin que chaque entité, chaque usine, chaque employé de Saint-Gobain devienne ambassadeur de ce « nouveau Saint-Gobain ». Nous avons adapté notre offre pour proposer des solutions complètes offrant plus de durabilité à nos clients, des matériaux plus performants, plus légers, permettant de réduire la consommation d’énergie et le bilan carbone de nos clients. Nous faisons aussi énormément pour être exemplaire, en réduisant notre empreinte carbone et environnementale, en accélérant en termes de diversité et d’inclusion, en suivant plus régulière ment l’engagement et le bien-être de nos employés, ou encore en développant plus de projets philanthropiques.

Avez-vous des exemples concrets ?

Notre métier historique est le vitrage, un matériau formidable se renouvelant sans cesse pour offrir plus de performance et d’esthétique mais ayant un point faible, son bilan carbone important. Nous avons été les premiers dans le monde à réaliser une production zéro carbone de verre plat pendant une semaine en France, pour montrer que c’était techniquement possible ; nous avons depuis développé et commercialisons – principalement en Europe – un vitrage dont l’empreinte carbone est réduit de plus de 40 %, ORAE. Les exemples sont nombreux en Chine aussi : nous réorientons rapidement notre offre de vitrage automobile vers le véhicule électrique ; nous investissons énormément – presqu’une usine par an - dans nos solutions de construction à base de Gypse ayant un contenu carbone jusqu’à 80% inferieur a celui des solutions traditionnelles ; nous avons développé une offre pour recycler les matériaux céramiques usagers (Valorex). Nous accélérons aussi en termes de diversité et d’inclusion - aujourd’hui plus de la moitié de nos DG de pays en Asie sont des femmes - et nous nous impliquons dans un nombre croissant de projets sociétaux exemplaires.

Quels sont les critères et les impacts de vos investissements ESG ?

Le secteur de la construction a une empreinte environnementale élevée : 40 % des émissions de CO2 dans le monde, 50 % de l’utilisation des ressources naturelles. Les critères environnementaux sont ainsi importants pour nous car notre vision consiste à transformer la construction pour la rendre plus durable. Nous investissons beaucoup pour réduire nos émissions de CO2 (scope 1 et 2) qui baissent de 9 % en 2023 malgré une activité en croissance. Il en est de même de notre consommation d’eau en baisse de 8 % en 2023, des déchets non recyclés en baisse de 10 %. Nous commençons à suivre la part de matériaux biosourcés, notre empreinte carbone indirecte (scope 3) ou encore le contenu en ciment de nos solutions. Ces investissements se traduisent par des économies, parfois immédiates et dans tous les cas sur le long terme car l’impact environnemental aura un cout croissant dans le temps. L’autre impact est un engagement supérieur de nos employés, cercle vertueux qui permet une plus grande motivation et davantage d’impact positif à l’avenir.

Quelles sont les difficultés rencontrées pour concrétiser certains de ces investissements ?

Les coûts et retours financiers sont une première difficulté, la pérennité financière restant une composante à part entière du développement durable et la prise de conscience environnementale ne progressant pas aussi vite que nous l’aimerions. Saint-Gobain a mis en place un coût interne du carbone pour minimiser cette difficulté et permettre de garder un coup d’avance sur le marché. A cet égard, la mise en place de réglementations coercitives ou incitatives est un point déterminant pour accélérer l’acceptation de solutions plus vertueuses en termes d’ESG et la Chine est très active à cet égard. Une autre difficulté fréquente en Chine comme dans beaucoup de pays est la disponibilité d’énergie verte à électricité verte, biomasse, biogaz, et à moyen terme hydrogène vert.

Quels sont les principaux défis en termes de critères ESG pour Saint-Gobain ?

L’un des grands défis est technologique : développer des solutions dont l’impact ESG est réduit et à un coût accepté par le marché, ou encore réinventer nos procédés industriels les plus intenses en énergie pour les rendre neutres en carbone. C’est une grande priorité de nos centres d’innovation dans le monde et notamment de celui de Shanghai. Un autre défi important est celui de savoir mesurer de façon fiable l’impact environnemental d’un produit ou d’un service dans toutes ses dimensions (carbone, eau, circularité, biodiversité etc.), sans parler de mesurer son impact sociétal ! C’est pourtant chose nécessaire pour pouvoir favoriser les solutions les plus vertueuses : les avancées seront progressives et nécessiteront normes et systèmes de reporting fiables.

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